Tout a débuté …

Tout a débuté lors d’un café avec Léon Meynet. Précurseur de Léz’art aux Grottes, celui-ci cherchait un nouveau lieu pour déployer cette manifestation artistique pluridisciplinaire, dont la particularité était d’offrir un espace de création et de diffusion aux artistes dans un cadre urbain, tel que les rues d’un quartier. Les organisateurs/trices du quartier des Grottes ne souhaitant pas reconduire la manifestation, se disaient prêt-e-s à transmettre leur expérience ainsi que le petit budget prévu pour, et Léon concevait bien la rue Lissignol comme nouveau lieu d’accueil de cette sympathique manifestation. L’idée était réjouissante, ne restait plus qu’à trouver les personnes intéressées à reprendre ce flambeau.

Aline Courvoisier, ma pétillante voisine et amie, et moi-même, ne nous sentions pas à même de porter sur nos 4 épaules cette organisation. Nous avons inclus à notre groupe naissant Katharina Kreil artiste du quartier et investie dans les fêtes à Théo. Mais il manquait encore un moteur.

C’est à ce moment-là que dans les méandres d’un supermarché du quartier j’ (Isabelle) ai croisé par hasard Simone Aubert, que je ne connaissais pas très bien à l’époque. En la voyant, j’ai senti une impulsion me pousser vers elle pour lui parler du projet. J’ai bien fait car elle a aussitôt répondu que cela correspondait à ses compétences et que ce projet l’intéressait au plus haut point.

S’en sont suivies des réunions avec Pré-en-bulle qui nous ont généreusement aidées, une petite excursion au marché de l’Art de la Création de Lyon point de départ de l’idée de base.

De là le projet s’est élaboré. Il allait s’éloigner de la démarche trop mercantile du marché des créateurs pour trouver son propre moteur : un évènement qui allait sortir l’art des galeries dans lesquelles il était enfermé pour le propulser dans l’espace public où les distances entre les artistes, les habitant(e)s, les commerçant(e)s de la rue, le public allait joyeusement se réduire au point de venir s’entremêler.

Katharina a trouvé le nom idéal : Baz’art, qui convenait tellement bien à notre petite rue regorgeant de recoins et d’allumé-e-s de toute sorte, c’est elle également qui a permis la création, lors du 1er Baz’art en 2010, de la bd « du bitume au grenier » relatant les petits contes du quotidien de la rue et élaborée avec la participation de ses habitant-e-s.

Simone quant à elle a imaginé tout le concept de base sur lequel chaque édition allait se construire, mûrissant au fil des années. Après deux éditions à gérer l’événement seule, elle a été rejointe par sa comparse de longue date, l’artiste Claire Mayet, qui a mis son grain de créativité en prenant en charge la programmation de la partie art plastique.

Le collectif Rüscksack Gogolplex, est également venu épicer l’événement en construisant une déco de bar chaque année plus folle, que ce soit un appartement au complet, un complexe d’hôtel avec des liens téléphoniques interconnecté et connectés au bar pour y commander sa bière, … puis c’est Colline Davaux qui en a repris les rennes. 

Quel souvenir que cette première édition en 2010 ! Des réunions préalables entre les artistes, les habitant-e-s et les commerçant-e-s avaient eu lieu, afin des tisser des liens, et permettre aux artistes de choisir le lieu de la rue qui allait au mieux les inspirer, un appartement, un coin de grenier, une vitrine d’un-e commerçant-e, et encore un recoin de la rue. Roberto Broggini s’est fait un plaisir d’emmener ce joyeux monde dans une visite guidée épicée d’anecdotes inédites, afin que chacun-e puisse s’imprégner de l’endroit.

Puis le jour J est arrivé. Nous avons béni Simone d’avoir, en plus de sa créativité débordante, pensé au moindre petit détail logistique ! Grâce à elle ce qui aurait pu être un chaos ingérable, vu le nombre incalculable d’artistes qui allaient collaborer, est finalement devenu un chaos, mais tellement bien organisé, qu’il s’est déroulé très sereinement et dans la bonne humeur.

Après le succès de la première édition, les autres ont suivis. L’expérience de la première servant aux prochaines, et ainsi de suite. Jusqu’à ce qu’en 2016 Claire Mayet et Simone Aubert obtiennent le prix de la médiation culturelle de la ville de Genève, magnifique consécration de cette belle énergie déployée. 

Longue vie à Baz’art, qui fête ses 10 ans cette année, merci à Simone et Claire pour leur riche et lumineuse programmation, à Léon, et aux nombreux travailleurs et bénévoles sans qui rien de tout cela n’aurait été possible.

Aline et Isabelle