Edito
BAZ’ART !! Gratuit, participatif et situationniste depuis 2009
Dans un contexte où les rues se muent en un désert d’enseignes et où la société se dessèche au grès de la précarisation galopante, du délitement des liens et des burn-out en chaîne, Baz’art oppose la réappropriation de l’espace commun par l’imaginaire. En 10 ans, le credo reste inchangé: faire communauté dans l’une des rues les plus identifiables de la ville par ses couleurs, son activité sociale, culturelle et sa politique de l’habitat associatif. Plateforme de création contemporaine pluridisciplinaire, Bazart opère pour une diffusion artistique urbaine vivante et transforme la rue Lissignol en un heureux espace indiscipliné. Chaque année, c’est plus de 2000 à 3000 personnes qui sont amenés à fouiner, pousser les portes et s’immerger dans des créations et des performances déployées dans la rue, une chambre, une cuisine, une cours…
Revenant déployer ses tentacules le long de la rue Lisignol du 13 au 14 juin 2020, à mille lieux du formol des musées et des formalités petits fours des galeries, le festival fédérera cette année plus 85 artistes autour de 35 installations, concerts et performances dans un bouillonnement expérimental tous azimuts. Laboratoire populaire et protéiforme, dans le pur esprit des années squats genevois, Baz’art continue de bousculer les œillères et décloisonner la pratique artistique au pied de biche. Une spécialité bien connue des deux têtes chercheuses du festival, Simone Aubert et Claire Mayet, qui mettent la spontanéité au centre d’une programmation placée sous la bannière de l’exploration. Avec une ligne curatoriale centrée sur la scène artistique locale, ponctuée de cartes blanches et de coup de têtes, elles hissent le public au même rang que celui des artistes dans un vivifiant chaos créatif. Quant aux œuvres, elles trouvent leur sens in situ, à travers l’expérience qu’elles génèrent et l’interaction qu’elles provoquent. A contre-poil des tendances du marché de l’art, de l’élitisme de certains habitus ou des litanies institutionnelles, la spécificité de la démarche lui a valu d’être primé lauréat 2016 de la bourse de médiation culturelle.
Texte de Mabrouk Hosni Ibn Aleya